TocCyclopédie ■ Époques

Un collectionneur de boîtes à musique se fait assassiner. On ne lui dérobe qu'une boite sans valeur, qu'il a acheté la veille dans une vente caritative. Sherlock Holmes mène l'enquête...



Sherlock Holmes a vu ses aventures transposées environ 260 fois au cinéma, et ce dès 1900, ce qui en fait le mythe populaire le plus adapté sur grand écran, loin devant Dracula ou le professeur Frankenstein ! L'interprète le plus fameux ayant prêté son talent au célèbre détective est certainement Basil Rathbone (Les aventures de Robin des Bois (1936) de Michael Curtiz, Anna Karenine (1935) avec Greta Garbo, La tour de Londres (1939) aux côtés de Boris Karloff et Vincent Price...) : de 1939 à 1946, il va tourner dans quatorze adaptations cinématographiques des aventures du détective créé par Sir Conan Doyle. Cette série, dont douze épisodes sont produits par la Universal, compagnie championne du cinéma fantastique et mystérieux dans les années 1930 et 1940 (Dracula (1931), Le loup-garou (1942)...), commencera par Le chien des Baskerville (1939) et connaîtra un grand succès. Évidemment, Holmes est toujours accompagné par son fidèle docteur Watson, qui sera campé par Nigel Bruce (L'île au trésor (1934) de Victor Fleming, Rebecca (1940), d'Alfred Hitchcock...). On notera que Rathbone et Bruce feront en plus une apparition comique en Holmes et Watson dans Symphonie loufoque (1943), une comédie avec les comiques Chic Johnson et Ole Olsen, qui venaient d'être les vedettes du fameux Hellzapoppin (1942) de H.C. Potter. La clé sera le quatorzième et dernier film avec Basil Rathbone dans le rôle du limier violoniste . Il faudra ensuite attendre Le chien des Baskerville (1959) de Terence Fisher (Frankenstein s'est échappé! (1957)...), produit par la compagnie Hammer, pour voir réapparaître le fameux détective, sous les traits du très british Peter Cushing (Frankenstein s'est échappé!, Le cauchemar de Dracula (1958)...).
Ici, on apprécie ici avant tout l'excellente tenue du récit policier que nous invite à suivre La clé: Sherlock Holmes va lutter contre une redoutable bande de malfratsn, prêts à tout pour mettre la main sur trois boites à musiques à l'apparence anodine. Cette histoire est ponctuée de révélations surprenantes et de rebondissements rocambolesques, avec gaz empoisonné, pièges machiavéliques et codes secrets en tout genre. Tout cela lui donne le charme irrésistible d'un épisode de roman-feuilleton du début du siècle. Ce récit divertissant et bien construit se suit donc avec beaucoup de plaisir. On apprécie aussi la réalisation sobre, élégante et entièrement au service de la narration et des comédiens que propose Roy William Neill (Frankenstein rencontre le loup-garou (1943)...), vieux routier de la série des Sherlock Holmes par Universal (il en réalisa onze films sur douze !). On louera encore le savoir-faire des décorateurs et des chefs-opérateurs de la Universal, qui nous entraînent dans un Londres mystérieux, mal famé et ciné-génique à souhait. Toutefois, les amateurs d'ambiance gaslight ne doivent pas se montrer trop regardant : les décors de ce film mélange avec fantaisie des éléments de provenance très diverses (architecture "arts déco", costumes typiques du XIXème siècle...). En effet, les douze films Universal de Sherlcok Holmes étaient transposés dans les années 1930/1940.

Évidemment, on apprécie aussi la qualité de l'interprétation impeccable de Basil Rathbone, qui, dans cette série de films, a imposé la silhouette et la diction définitives du détective de Baker Street dans l'imaginaire du public. On sera peut-être un peu plus réservé pour le bon docteur Watson. Dans les livres de Conan Doyle, le lecteur pouvait s'identifier à ce personnage, certes moins intelligent que le génial Sherlock, mais tout de même assez brillant et vif : ici Nigel Bruce en fait un espèce de repoussoir un peu gâteux, qui ne sert qu'à donner la répartie à Holmes et à placer quelques blagues de temps en temps. C'est un peu dommage. Par contre, la bande de pittoresques méchants, dirigée par une suave et redoutable criminelle, est formidable. Il ne faut pas oublier non plus le talent de toute la galerie de très sympathiques seconds rôles (le chanteur assassin, le commissaire priseur...) qui participe à la réussite de cette oeuvre.

Certes, La clé ne réinvente pas le cinéma et semble souffrir d'un léger manque d'ambition dans son exécution. Mais le récit rocambolesque et le charme de cet épisode des aventures de Sherlock Holmes en font un divertissement bigrement attachant !

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Merci à Monsieur Sandy Petersen !
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